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MANIFESTE DES SAVOIRS ENGAGÉS ET RELIÉS

Épuisé·es. C’est l’état commun aujourd’hui à la fois des écosystèmes et des êtres humains qui les peuplent. On ne refera pas ici l’inventaire des marqueurs de cet épuisement partagé entre les vivant·es humain·es ou non, des bouleversements climatiques et écologiques que l’on voit se multiplier ou des inégalités qui continuent à se creuser. On s’appuie simplement sur cet état de faits pour affirmer que les sociétés modernes, capitalistes, échouent et ne peuvent qu’échouer à prendre soin des milieux qu’elles habitent et des individus qui les peuplent, à remettre en cause leur fonctionnement et leurs structures. On pense là, par exemple, autant aux travailleuses et travailleurs des « premières lignes », qu’aux cadres en burn-out, aux agriculteurs, agricultrices ou paysan·es à bout de souffle, aux chercheur·ses, enseignant·es, étudiant·es et autres ingénieur·es en quête de sens, ou aux espèces qui disparaissent. Le développement de ces sociétés s’est fait au prix de la destruction d’autres sociétés, d’autres cultures qui entretiennent d’autres rapports à leurs milieux.

Ingénieur·es, docteur·es, chercheurs et chercheuses; académiques, associatifs, individus faiseurs et faiseuses de sciences, ou simplement sensibles aux enjeux sociétaux, nous témoignons que les sciences et techniques modernes ont contribué et contribuent encore largement de l’entretien de ces mécaniques d’épuisement et d’exploitation.

Ce manifeste aborde le rôle des sciences et des techniques dites modernes dans ce développement mortifère (Partie 1). Il pointe le problème de la délégation des enjeux scientifiques et techniques à des institutions et des entreprises obsédées par l’innovation et soumises à des logiques de profit. Ces sciences ne parviennent pas aujourd’hui à produire et transmettre des savoirs fiables, sensibles aux milieux et à celles et ceux qui les habitent, sur lesquels les sociétés humaines pourraient s’appuyer pour faire face aux défis écologiques et sociaux contemporains.

Engagé·es, nous appelons donc les mouvements sociaux et politiques à se saisir des enjeux de production et de transmission des savoirs. Nous appelons également les milieux scientifiques à reconnaître la pluralité de savoirs légitimes et à s’engager dans les luttes sociales et écologiques qui visent la construction collective d’un horizon de vie commun (Partie 2). Nous affirmons que d’autres sciences sont possibles, qu’elles sont déjà en émergence, et que c’est en les reliant, par delà les silos institutionnels, sociaux et disciplinaires que nous construirons les savoirs robustes et pluriels dont nous avons besoin pour des modes de vie dignes et soutenables (Partie 3).

Premières organisations signataires :

Atécopol Marseille
Atécopol Toulouse
Coexiscience
Écopolien
Ingénieurs Sans Frontières
Ingénieur·e·s Engagé·e·s Lyon
La Fabrique des Questions Simples
Sciences Citoyennes

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